noirs et couleur dans l’atelier de la fondation taylor

15 octobre 2018 |

 

NOIRS ET COULEURS / 2018

 

Par Christian Massonnet

 

Cette exposition offerte par La Taille et le Crayon est une invitation au voyage dans des mondes réels et imaginaires.
Kiyoshi Hasegawa, ouvre le chemin avec des gravures en taille d’épargne, moins connues que celles en manière noire mais où son art de la composition, entre abstraction et figuration, va trouver une belle continuité dans la variété de travaux en Noirs et Couleurs présentés par les artistes graveurs et dessinateurs invités ici.
Baptiste Fompeyrine évoque un univers ritualisé et bienveillant ; il nous invite dans un pays étrange et étranger qui cerne tout ce que l’on ignore. Un dessin très épuré et des couleurs éclatantes soulignent le plaisir qu’éprouve ce jeune artiste à représenter le monde qu’il observe.
Didier Hamey nous fait sentir la vie d’une façon légère et intemporelle, prosaïque, poétique ou érotique, en héritier des anciens conteurs. Il aime à dire de lui qu’il «grave des choses pas graves», mais cette modestie cache une extrême sensibilité, il nous fait passer sous le masque des choses, un peu comme au Carnaval de Dunkerque qui l’a toujours ébloui de ses fantasmes.
Chez Dominique Neyrod c’est le spectacle de la nature, un lieu bien précis en Camargue, qui va lui permettre de traduire un monde intérieur bien déterminé aussi ; elle fait beaucoup de dessins des verdures, des buissons, des sentiers, des garrigues qui sont ensuite gravés, à l’aquatinte et à l’eau-forte, dans des compositions qui transposent la réalité.
Sylvain Salomovitz, grand voyageur dans le monde du quotidien et inlassable dessinateur – il remplit en permanence des carnets de croquis avec une joyeuse boulimie. Interprète de l’intemporel, il restitue un monde enchanteur et d’une grande richesse de sensations par les mille nuances des couleurs et quand la couleur lui manque le noir lui suffit …
Raùl Villulas s’exprime avec force à travers ses dessins et son œuvre gravé dans une surenchère thématique d’une symbolique personnelle il nous tourmente de ses rêves, ou peut-être de la seule réalité : suffisante à faire d’une planche de bois le miroir du monde.
Les gravures raffinées de Suo Yuan Wang, minutieusement élaborées, sont les routes imaginaires que l’œil emprunte pour suivre subtilement son itinéraire : des scènes lunaires où les noirs se superposent, où les points et les lignes évoquent, en entrelacs, un nuage atmosphérique qui vide l’univers par l’intérieur et le retend dans un cercle parfait.

Voilà donc ce magnifique album où chacun d’eux nous propose, avec une parfaite maîtrise technique de la gravure, de la ligne, du dessin, et par leur valeur
ajoutée de poésie, un voyage en noirs, en couleurs et en nuances dans les mondes intérieurs ou devant les spectacles qui peuplent nos vies.